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Les pensées de Sam Moore, Extraits de Nuit ajourée, 2020 - part I

Sam avait les yeux remplis d'humidité, un instant elle lui semblait que l'il lui devenait inconnu, un écart avait creusé la position de l'anneau sur son doigt.

Sam se sentait autant homme que femme et ilelle continuerait à passer de l'un à l'autre coûte que coûte. En tant que femme pisser debout comme un homme et en tant qu'homme pisser accroupi comme une femme. Pisser debout ou accroupi peu importait à présent, le choix se ferait autrement que par genre. Ilelle fallait pisser coûte que coûte.

À droite, à gauche, au milieu, au centre, au dessus, en dessous, en travers, au travers, au coin, au coin à droite, au coin à gauche, au milieu du coin, au milieu du coin à gauche, au milieu du coin à droite, au centre du milieu du coin à droite, au centre du milieu du coin à gauche,

ilelle gambadait d'une jambe sur l'autre ne sachant où donner de la tête à toutes ses issues possibles. Ou bien le choix se ferait comme par hasard, laissant la déviance naturelle du sexe opérait ou bien la retenue finirait juste par lacher prise là où bon lui semble ce qui revient à se pisser dessus ou encore l'envie passerait dans l'instant d'après ce qui reviendrait à se confronter à nouveau aux différentes possibilités.

Laissez-moi pisser !

et plus encore si affinités,

laissez-moi pisser pour les autres !



Nuit ajourée,

nuit américaine

day for night

dans les régles de l'art cinématographique un ciel qui demanderait à être sans nuages

mais dans le hors champ, parce que nous sommes toujours hors champ quoi qu'il arrive

Blue, le ciel est plein de cumulus congestus et d'altocumulus floccus, blue dark, blue dark orange nuit. Une orange sur la table de chevet luit, c'est lui qui lit, les oranges bleues. La spécialité pour un sol désertique. La campanule qui cloche en sonne vivement. La nuit s'ajoure, une fissure tel un éclair, la traversée neowise accompagnée d'une floppée of shouting stars. Wouahouhhh ! What a sky !


Ses mains s'étaient élargies, elle ne s'en s'étaient même pas rendu compte jusqu'à ce jour où elle n'avait pas pu enfiler le gant, cet énorme gant matelassé qui lui servait à se protéger de la chaleur. Il lui avait tenu tête jusqu'à ce qu'elle finisse par l'abandonner au pied du four. Laissant le four ouvert pour que la chaleur s'en dégage, seule.

Elle s'étaient élargies à nouveau lorsque pris de cours, elle avait du tirer, porter, couper, tailler, poncer, percer, creuser, trancher, tout un tas de matériaux et qu'au moment d'une petite pause bien méritée, elle avait voulu ôter ses petits gants fleuris, et qu'ils avaient tout simplement cédés, un déchirement net, mettant fin à la résistance d'une grande pression exercée pendant toutes ses actions.

What a hand !

What a Hand in glove.

(The smiths)


Un doigt d'honneur, un honneur tendu quoiqu'il arrive n'y fera rien. Le gant restera off shore.


Sam Moore se demandait comment ses mains en quelques mois étaient devenues si importantes. Etonnament, alors que dans certains cas, elles avaient quasiment disparues, Elle avaient repris du poids dans toutes les autres activités du jour et de la nuit, peut-être plus encore depuis qu'elles ne serviraient plus désormais comme marque contact de courtoisie ou d'affection entre les individus. Elles parlaient peut-être plus encore que jusqu'alors, d'ailleurs Sam Moore ne pouvait pas s'en empêcher d'agiter les mains régulièrement comme pour palier aux mots qui lui manquaient parfois, ou encore pour transmettre l'energie qui le traversait et qui malheureusement n'apparaissait plus sur son visage puisque celui-çi était désormais masqué. En très peu de temps, c'est comme si les mains avaient pris les mots, le langage en brassée, avec cette impression de, frottée, nettoyée, lavée. Chacun avait alors à se débrouiller de cette sensation humide, collante, gelée au résidu gras. Le propre devenait en tout sens figuré et encombré. Même si les mêmes mots peuvent dans certains cas être synonyme de volupté, de sensualité, de plaisir, et d'érotisme, ce n'était pas encore le cas ici. Il restait à défricher de nouvelles zones érogènes dans ce magma de gel hydro-alcoolique.


Hagioscope, occulus, œil de bœuf et trou de serrure, de quoi alimenter les fantasmes des voyeurs jusqu'à s'y rincer l'oeil vulgairement.

Un doigt d'érotisme qui fait monter d'un cran la chaleur des corps. Effluve musqué et enivrant, chaud et poivré, et sur le pourtour, une petite pointe sucrée qui s'en exhale.

What a sex !

Corps à corps, décharge électrique à luminescence ondoyante qui s'accompagne d'un échauffement, d'une surchauffe exaltante.

Nuit ajourée, déchirée, claquage rose. Les biscuits roses de la dentelière recellent de langues de chat assoiffées. Sparkling. Bubble trains, délicate effervescence qui monte directement à la tête.



Un lieu à soi, rien que pour jouer à saute-moutons, entre tous, entre toutes et passer du coq à l'âne avec grandeur et réjouissance. Felin-es assoiffés se rejoignent. Un feu d'artifice, aux couleurs chatoyantes, rouge-orangé ; allongés sur le sol, nus, sexes et seins pointés vers l'incandescence en ébulition, le crépitement des artifices augmente le tempo de la respiration. Les retombées des étincelles prolongent la douceur de l'excitation. Jouissance extrême, un temps suspendu partagé.

A la différence d'un bad trip after effects soirée arrosée en tous genres, la lumière ne se rallume pas. La nuit reste ajourée, épicée à souhait, love on the beat.


Let it go...

J'irai pisser pour vous

Au loin, déjà on entendait comme un refrain,

I will go piss for you as far as the sky is blue

I will go piss for you

j'irai pisser pour vous aux abords des bois, aux abords des champs, aux abords des plages, aux abords des jardins, aux abords des rivières…

comme un animal qui re-dessine les frontières – j'irai pisser pour vous pour que les pissenlits, la bourrache, l'oxalis, les roses, les soucis, les capucines, les patates douces et les autres, choux, pois, carottes, navets, pommes, poires, cherries et fraises des bois s'implantent du côté des parkings, des centres commerciaux et que le jus des fruits coulent à flôt. J'ai rêvé encore des voitures à l'arrêt prenant racine et se faisant les receptacles de belles plantes, tels de grosses jardinières. Aloe vera en guise de transition pour panser les plaies de la déroute, où tout ce que l'on croyait nécessaire ne l'est plus. Les centres commerciaux, vidés de leur lobotomie consumériste se réinventent, les parois opaques s'éclaicissant pour révéler la silice et se déployer tels des serres abritant multi variétés de fruits, légumes, racines et où chacun peut venir dans l'échange s'y nourrir.


I will go piss for you as far as the sky is blue

I will go piss for you until the blood flows

until the sky flows with a new cloudly blood

I will go piss for you until everybody has enought to eat


En une nuit d'éclairs, i will go piss for you

I will go piss for you until we piss together…




Les pensées de Sam Moore, Extraits de Nuit ajourée, 2020 - part I

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