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Les ondulances de Sam Moore

17 janvier 2014

Les ondulances de Sam Moore -17/01/14 - Anabelle Hulaut
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Sam Moore venait juste de tomber sur un petit miroir bombé, comme on en trouve dans les peintures dès le XVème siècle.

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Sam Moore avait les poches vides, il marchait dans la rue en se dandinant d’une jambe sur l’autre comme si l’impatience l’avait totalement absorbé. D’ailleurs, il n’avait pas de poches et pour être plus précis, il n’avait jamais eu de poches. Les poches l’avaient toujours incommodées. Et il aurait du faire preuve davantage de pugnacité et abandonner certaines de ses convictions pour définir ce qui aurait pu s’y glisser. D’ailleurs ce n’était pas par manque de volonté ni d’avoir essayer et ce

n’était pas seulement la question de savoir qui aurait pu s’y fourrer, voire s’y cacher mais plutôt la question de comment cela aurait pu s’y mouler. Pour Sam Moore, les poches devaient prendre totalement la forme de ce qui s’y glissait ou encore la forme devait se couler entièrement dans la poche de façon à ce qu’il n’y ait aucun vide entre la paroi de l’objet et la poche elle-même.

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ET jusqu’à présent, ce n’était pas qu’il n’avait pas trouvé l’objet adéquate pour se lover dans le coeur de sa poche mais il avait en quelque sorte renoncé à chercher de ce côté là.

Il était persuadé qu’il était préférable que les mains inoccupées soient le long du corps ou encore dans le dos. Et pour ne pas être tenté il avait enlevé les poches de ses vêtements. Sa dernière tentative remontait à un 17 janvier, de quel année s’agitil

cela n’a pas d’importance, c’était une journée voilée passablement grise, et qui s’était comme éveillé. Il portait un pantalon vert printemps tout neuf, c’était un de ces rares pantalons où les poches du devant étaient à peine visible, qu’au premier abord il ne les avait même pas vus. C’était la première fois qu’il le portait, il ne s’en était pas rendu compte. Seulement lorsque Sam Moore s’était tenu debout au milieu de la prairie, il s’était retrouvé les mains dans les poches comme si de rien n’était. La brume ondoyante masquait une partie du paysage mais la tentation de se tenir au centre était plus que tentante, appréhender le paysage, se laisser happer par les sensations que le paysage procure, être à la fois le contempleur et se laisser fondre dans le paysage, toucher à distance la vue clairsemée. La position des mains s’étaient faites naturellement, comme si elles avaient trouvé les poches toutes seules. L’adhérence lui avait semblé idéale. Un oiseau avait traversé le ciel et l’idée

lui était alors venu de couler du silicone dans ses poches. La forme qu’il obtiendrait alors serait peut-être proche de la perfection, Une empreinte de ses poches vides, il voyait bien cependant qu’il y avait un couac, l’empreinte de ses poches vides revenaient à son négatif c’est à dire à nouveau à son plein. Comment donc relater cet instant de plénitude, d’adhérence, il sentait l’incohérence, la difficulté qu’il faudrait à nouveau passer par le vide.

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Ce texte fait suite à Divas Mobiles (venant de w avec traversée AH/PG). Il a été enregistré chuchoté pour fêter le 100 051 ème anniversaire de l’art. Un CD a été édité à 17 ex signé.

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