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ERRATUMS 

Les pensées de Sam Moore et échanges avec Pierre Giquel

16 juin 2014

My hearts. Sam Moore poursuivait sa collecte, la belle à la tombée de la nuit, brioche et pain des rêves en éveils. 

Et qu’ils dansent, leurs cailloux s’apprêtaient en une feinte méticuleuse. Alors annonçait-il c’est la feinte des cailloux ou délit d’actions juste,

pour ne pas provoquer le repli dans ces temps d’humeur maussade.

Balaye. Schistes, granits et dolérites s’exhibent.

ERRATUMS en 21 mouvements 3/4

Les pensées de Sam Moore et échanges avec Pierre Giquel, été 2014.

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Les textes ont été écrits à partir de l'exposition de David Michael Clarke Flying Black Cow Utopie Club à la Galerie du Dourven. Anabelle Hulaut a été invité à présenter dans une étagère conçue par David Michael Clarke et sur le mode Enzo Mari, une partie de la Collection Sam Moore. 

Les textes suivants ont été diffusés par e-mail, révélant au fil de l'écriture des échanges complices avec Pierre Giquel.

26 juin 2014

Maps. Accoudée sur l’avant du capot de la voiture, la carte déployée, Sam Moore essayait en vain de se frayer le chemin le plus adapté à la situation qui allait suivre. 

Le bas de sa jupe voletant aux as, rouge et blanc, 

d’un pas décidé, elle se glissa sous la carte en guise de camouflage et pour mieux s’en imprégner. Elle savait parfaitement que son sens de lecture des directions lui avait fait souvent défaut et qu’elle devait non plus se fier aux apparences mais à son intuition. 

A quoi bon alors s’en remettre à la carte, ne valait-il pas mieux en plier un morceau et s’aménager un plan comme on ajuste son foulard à la lavallière.

D’ailleurs ce jour là, elle était belle et bien décidée à jouer, elle avait multipliée les cartes. Un pli froissé en guise de jupe voletait aux as. 

A nouveau on the road. 

Comme par un curieux hasard, sur la route, les directions affichaient les cartes.

Elle s’arrêta net, le panneau était sublime. Elle sortit de la voiture d’un pas ferme. Puis, elle revint sur ses pas, ouvrit le coffre et en sortit un petit sac rouge à pois blancs. 

Chaque geste semblait à la fois habile, précis et paradoxalement improvisé dans l’instant. A un geste ferme s’ensuivait une mise en doute, un questionnement amenant à nouveau un geste sûr et ainsi de suite. La pensée s’articulait.

Elle posa son petit sac rouge sur le devant de la voiture à proximité du panneau puis tendit son pouce comme pour vérifier l’air ambiant. La chaussette du vent se manifesterait plus étendue probablement mais elle n’avait pas pris tout son attirail, pressée par ce il impatient de rencontre. Il elle sortirent au même moment du sac à provisions, deux mugs aux motifs as, identiques. Une copie conforme simplement dissociée ce qui donnait la dimension côte à côte, une sorte de double prononcé. 

Sam Moore pensait alors qu’il suffirait probablement pour rompre cette idée de doublure, d’ écho, de modifier le sens de l’anse d’une des mugs. Ainsi, la position des mains se retrouverait-elle aussi inversée. Un dialogue, en position de face à face pourrait alors s’établir à nouveau.

07 juillet 2014

Sam Moore avait d’abord été fabriquant de chaises.

L’assise, la tenue, le maintien, la question de s’asseoir continuait à l’intéresser. Une chaise n’était pas seulement un objet fonctionnel mais sa présence devait aussi se positionner en tant qu’élément sculptural dans l’espace. Souvent, il cultivait son jardin et méditait sur la question. 

La position du corps assis, n’y avait-il pas un autre moyen d’asseoir le corps. Son champ s’élargissait, il passait du tabouret au banc puis de la chaise au canapé, du fauteuil à la méridienne. Les assises se multipliaient et la question qu’il se posait alors davantage était, comment pourra t-il s’asseoir sur toutes ces chaises? 

Un mouvement d’assise, leste, l’espace et le temps devenait indissociable.

20 juillet 2014

Le jeu s’annonçait plus couvert et les petites mitaines grises aux boutons bruns tendaient vers le bleu again,

On the road, les cart

un panneau planté dans le buisson comme une autre vue de la périphérie. Les cartes révélaient l’écart de la situation.

Impréview de gestes précis, tel le déroulé chapeau vie de Marie-Ange Guilleminot. Imprévisible, la rencontre des deux anges M M sous l’abricotier du jardin des arts de Thouars, annonçait le déploiement du meuble spirale au meuble infini en octobre prochain dans la salle Baumgarten à

Oir 

On ira battant, le vin pétillant et les mains pleines les poches d’éditions 

Divas mobiles. Ilelle pensait à son ami, maître chanteur et buissonnier

On entendait au loin, dans les cyprès du bord de Loire

Dans le couchant, les ombres s’allongent… 

sans doute, les poings fermés se seraient ouverts aux mains fines de son ami. 

Tandis que la pluie claquait sur le toit de l’atelier de Jack, on entendait comme des tonnerres d’applaudissements, 

dans l’accueil des cerises, et l’attente des retrouvailles Sam Moore se laissa glisser sur le socle teinté de bleu, l’eau à la bouche. Il devança l’ami Jack, et en guise d’apéritif offrit sa bouteille de Duhomard. La mitaine redressée, telle pêche miraculeuse et rassemblée, le Duhomard coula de plein fouet dans les verres à pied.

26 juillet 2014

Elle attendait sur le banc patiemment, gris perlé de sueur, le moment approprié. La soie de son cou absorbait l’humidité, rose frêle. Elle avait hésité longuement avant de le nouer à son cou, laissant sur l’étagère haute son petit foulard noir aux coeurs blancs, en guise de pensée secrète. Erratum. Le rose lui allait bien finalement. 

Ses joues s’étaient elles aussi enrosées petit à petit, 

comme si ses pensées osaient vers des secrets plus concupiscents encore.

Le petit monticule de cailloux blancs, dans sa main tendue participait à cette sensation pourpre qui montait. On entendait au loin, Rhapsody in blue. 

D’un geste rapide sa main lui couvra la bouche. Sam Moore reprenait ses enregistrements sonores. Les cailloux dans la bouche, l’articulation se faisait plus mastiqueuse, chaude et audacieuse,

de crainte qu’elles soient totalement avalées, les paroles allaient, 

chuintaient et

sur le banc ilelles se chamarraient,

28 juillet 2014

Recording

Sam Moore avait d’abord été fabricant de chaises,

Elle lui avait laissé son doigt appuyé sur le Voca patch,

Play it again,

son désir avait été de trouver l’endroit idéal pour installer la chaise, ou bien un banc. Elle avait pensé au passage à niveau, tout près du panneau un train peut en cacher un autre, à la sortie de la plateforme de Fret.

Lundi, 10h15, Château-Gontier Point de vue gravé sur le dos de l’assise. Le train entre en gare, puis sur Longuefuye repart. C’est décidé ! Elle se ferait mentor/point de vue au prochain passage des trains. Et dans l’attente, elle continuait à chercher les vues, une autre, vue panoramique, celle ci s’accorderait sans doute à la chaise haute.

01 Août 2014

Les cornichons étaient bien mûrs. Le vinaigre avait fini par les adoucir jusqu’à en extraire leur acidité, au point qu’on les aurait volontiers accompagné d’une salade de fruits. Sans doute, l’accompagnement restait incongru et Sam Moore se demandait en quelle occasion un tel plat pourrait-il être servi ? Il se demandait aussi, comment ces cucurbitacés pourraient s’improviser soudainement en trompe l’oeil, et inviter petit à petit notre regard à plonger dans le vif du sujet. L’invitation restait ouverte.

Les cornichons s’y tenaient fin prêts.

06 août 2014

Show me the rock,

Sur la plus haute branche, 

la pipe du corbeau

au Piacé, se mouve

Et de sa pince à rallonge qui gobe 

comme d’un coup de ciseau,

pince me le coeur, pince moi la mousse

Sans essouffle ni esbroufe, Sam Moore accourt

Pince la pipe et tombe le rock

Il reprit la cueillette à deux mains, d’ores

Et déjà, les poches vides, il fredonnait

La song était short, reprise

Hummmmm hummmm humm yeeeee hummmm hum yeeeee

Show me the rock

14 août 2014

(Extrait de Flying Black Cow Utopia Club - volet 2, exposition de David Michael Clarke à la Galerie du Dourven...

Un zoom au bout de la véranda de la galerie du Dourven, sur les étagères Enzo Mari...)

De caillou en caillou, de forme en forme, de roche en roche,

de gauche, 

4ème tablette de l’étagère Sam Moore,

Hearts, l’image de coeurs battants, granits, grès et dolérites, les cailloux s’empreintent

à droite, 

4ème tablette de l’étagère de Christelle Familiari,

Un morceau de granit gris clair moucheté de noir allongé sur une flaque claire, grise faïence et biscuit,

la flaque est sensible et sensuelle, le caillou s’en imprègne.

En creux, deux portraits paraissent se dessiner, l’un plus mental, l’autre plus tactil, semble-t-il...

En quelques glissements, de fil en aiguille, de liste en list, de tablette en tablette, 

les cailloux s’échangent.

15 août 2014                                                    OUI! Les cailloux s'échangent!   par  Pierre Giquel

(Dans le prolongement des échanges, une nouvelle correspondance s’ouvrait... En réponse à la dernière pensée de Sam Moore, je reçus ce texte de Pierre Giquel. )

​

OUI! LES CAILLOUX S’ÉCHANGENT! 

Je les ai surpris dans leur vitrine transparente près de la fenêtre qui donne sur un paysage qui recopie particulièrement une estampe japonaise et dans le contexte d’une exposition franchement vivante et radicale comme on dit lorsque l’on vient des pays chauds, chauds pas seulement par le temps mais aussi par ses nuages qui peuvent se transformer en une belle pluie généreuse et criblée d’humour. Bref ! Je parcourus l’exposition avec une rare allégresse, le récit se construisait selon d’imprévisibles détours, il y avait bien sûr le souvenir des sensations géologiques, linguistiques mais aussi historiques et les caractères autobiographiques des oeuvres qui s’exposaient sans douleur prenaient selon les circonstances des couleurs inattendues, franches et paradoxales: le parfum pourpre d’un objet s’échappait voluptueusement d’un pli mystérieux de la roche tandis qu’un écho architectural répondait au dialogue sans fin d’un mariage multiple. Je retenais mon souffle. Fred qui m’accompagnait s’intéressa à des noeuds occasionnels et gordiens, moi à des étendues et des termes, toujours hanté par la typologie et les savoirs. Sur ce bout de presqu’île, nous n’en menions pas large, persuadés que nous nous étions embarqués pour une destination qui nous éloignait de la terre principale et nous faisait prendre chair de l’autre côté des océans. Nous étions passés dans une faille du temps immobile.

18 août 2014                                                                           La passion SM  par  Pierre Giquel

La passion SM 

Sam Moore se souvenait confusément d’une visite qu’elle avait entamée sur le Mont Analogue, multipliant ainsi ses possibilités de survie. Elle savait que seuls les initiés se faufilent prestement à la rencontre de leur destin, et qu’ils s’assouplissent le temps de leur découverte. Mais SM avait la passion, elle savait qu’elle rentrerait dans ses frais, et que les délires d’ivrogne l’extrapolerait toujours. Elle préférait se laisser séduire par les faussaires qui trouvaient grâce à ses yeux car leur vision n’était pas préméditée. Les cailloux, toujours, elle n’en démordrait pas.

Lorsqu’elle lut le chapitre que Pierre G consacrait à l’exposition qu’elle avait également et minutieusement visitée, elle voulut en avoir le coeur net : s’agissait-il d’un songe fragile qui n’est là que pour introduire un doute à propos de la véracité des récits, ou ce commentaire pouvait-il faire office de témoignage, voir de preuve ? A une époque où la virtualité est un ornement supplémentaire dans nos tracas visuels, la question méritait d’être posée. Son personnage avait l’audace de camper sur un manche, provisoirement.

18 août 2014                                                                                 Les adressés par  Pierre Giquel

LES ADRESSÉS 

Ils ne sont pas tout à fait nos lecteurs, on peut même les imaginer analphabètes, mais il nous suffit que nous leur prêtions des capacités d’envahisseur pour qu’ils deviennent nos interlocuteurs privilégiés. Certains ne se doutent même pas de leur entrée explosive dans le territoire que nous allons former. Qu’ils ferment leur volet et nous ne leur en voudrons pas, tout le monde n’est pas aux ordres dans ce monde, et il y a encore de la place pour les fiévreux, et pour ceux qui ne veulent pas quitter leur fauteuil nous leur donnerons des noms d’emprunt. 

Le martyr de BouBou YéYé. 

BouBou YéYé avait traîné dans plusieurs affaires juteuses, après s’être calée dans le pli d’une chanson fortement teintée de blues. On la disait spécialiste en gros des questions relatives au champ lexical de précision : surréaliste, elle « évitait la formule » disait-elle à qui voulait l’entendre. Anticapitaliste, elle se qualifiait de « radicale », insistant sur les « a » qu’elle voulait clairs et annonciateurs de bonnes nouvelles : elle dissertait avec conviction, se réservant les envolées pour quelques conférences qu’elle savait filmées et promues sur le net. Elle pétait comme un gentleman : discrètement cela ressemblait à un point d’interrogation qui n’aurait pas fini sa courbe. 

L’assoiffé et le danseur 

Deux spectateurs assidus, hirsutes, clamant que l’université était toujours un creuset de talents. L’assoiffé possédait les titres nécessaires pour « coffrer » ceux qui n’avaient pas le sens de l’abstraction. Le danseur luttait, grisé par un succès dont il ne dénoncerait jamais les limites. On se congratulait en pensant qu’on était des spécialistes, d’ailleurs cela venait de loin pour consulter les Fondements de la morale, ou bien Le langage des postures. La spéculation faisait bon ménage avec ces escrocs en livrée au bout du rouleau. 

19 août 2014

Sam Moore sentait bien partout autour, la belle agitation. L’invitation avait été donnée, l’information relayée, les échanges commençaient à s’articuler. 

Sam Moore profita de l’irruption prolongée dans la faille sismo-Utopia que son ami Pierre G avait évoqué pour poursuivre avec délectation son zoom sur les étagères. De gauche à droite, le regard porté sur les tablettes et l’extrapol- sur l’épaulette. 

D’emblée, la vue du blaireau tout en nuances de marron-noir à proximité du petit roc poudreux gris calcaire, prolongea ma main,

tentée par un mouvement de balayage, léger, 

caressante, comme si the dust l’accompagnait.

Deux crans plus bas, le blaireau s’affinait ou plutôt s’affichait blush, 

sans même rougir de son frottement possible dans l’articulation des perles de ce Tissu en porcelaine. 

Un entrelacement, une volute, un soulèvement possible, un mont. 

Ilelle fut tentée par le coup de blush et toujours probablement à la recherche du galet annoncé ou encore le mystérieux Pinnacle island. 

Tout cela allait-il annoncer, pensais-je L’opportunity, une belle opportunité de voir, une forme qui se retourne, 

Rover,

​

20 août 2014                                                                    Les adressés (suite) par Pierre Giquel

Lulu la goûteuse

 

Perchée sur des hypothèses, elle cachait ses enthousiasmes en frôlant l’indélicatesse, mais trouvait encore un moyen de se sortir d’un mauvais pas en affirmant s’intéresser autant à l’infiniment petit qu’à l’infiniment gros, arguant qu’elle n’avait pas attendu la mode des archives pour payer son personnel ni pour rédiger une histoire entêtée de l’art. Elle régnait donc, goûtant aux avantages de sa profession, qui consistait à ranger des chevalets en toute impunité. Elle disait appartenir à un authentique marin, resté dans la mer des Sarcasmes, appelant à la rescousse les copines robustes. Le beurre blanc qui lui tenait de naufrage consentant la poussait à choisir l’incrédulité teintée de secousses plutôt que la théologie. Lulu la Goûteuse anticipait l’exposition de son butin, le sourcil haut, une plume dans le derrière. 

​

La comtesse Vo 

​

Je l’avais rencontrée entre deux lettres consacrées à la bienveillance. Son nom avait résonné durablement, il m’intriguait et je ne pouvais détacher mon oreille de cette syllabe énigmatique et crue. La comtesse sentait la dynamite. Aucune précision n’avait été apportée, d’où venait cette créature, de quel canton, quel château ? Etait-elle la fleur obsédée pliée comme un avion en papier prête à connaître un trajet dans le ciel ? Avait-elle quelques siècles dans son parcours, son nom était-il une erreur ? Ou plus simplement était-elle un leurre ? La comtesse Vo m’avait été présentée selon les grâces d’un canotier de mes amis, vicieux, joyeux et inadapté, poète libre et errant et qui répondait au doux nom d’Alexandre Meyrat Le Coz, arrière arrière petit fils d’un crocheteur de serrures, creusois qui savait berner son plus proche voisin comme il pouvait révéler ses qualités les plus cachées. La comtesse deviendrait une amie pince sans rire à l’imagination infiniment riche, rigoureuse comme le bel canto, baroque, respectable, 

audacieuse, faisant de la plaisanterie sa biscotte pour chaque matin, du paradoxe son verre de vie chaque soir. La comtesse Vo se prêtait à des jeux fantastiques, se moquant de la faiblesse humaine et respirant sans se soucier du monde le parfum du soufre dans l’air austère. Oui ! Vo se montrait comédienne ravivant les couleurs sur son passage. Elle était un cocktail hors pair.

 

L’expositeur 

​

A peine un saut dans le bouillon et notre indicateur de tendances nous réconciliait avec les nouveaux métiers de l’exposition dont le siège à R. les avait rendus célèbres, on insistait beaucoup sur leur sujet d’école, on assurait pouvoir exister au-delà du goût du jour, l’occasion faisait le larron, à supposer qu’on aime l’exercice c’était comme cela, l’éveil a un prix. Si l’on avait des lectures de prédilection, il fallait en changer immédiatement, les professeurs s’efforçaient d’endiguer les débordements, une épuration avait lieu chaque début de semestre, le président ne pouvait se permettre de rester au bout d’un fragment, car si l’accession aux métiers était rapide, les travaux scolaires ne supportaient pas la désinvolture.

22 août 2014                                                                                                    par  Pierre Giquel

La photographie du fragment reçu en écho à ce qui se tramait dans les dialogues récents avait mis la puce à l’oreille de certains curieux quand d’autres avaient délibérément fermé les volets, préférant prolonger leur repos de l’été par quelque vieille nonchalance intégrée. Pour ces curieux donc, il ne s’agissait pas de commémorer l’arrivée sur la terre d’un astéroïde intrigant. Il s’agissait d’anticiper certaines intelligences. 

​

Fifi la soutane 

On le voyait éternellement obsédé par les éternuements. Entre deux hoquets, Dieu avait des caprices, cela se mesurait à l’inclinaison du cou tendu vers les hauteurs, Lulu la Goûteuse avait l’air de connaître ces états d’effondrement qui conduisent à l’extase. Fifi la soutane peignait posté comme un faune faufilé entre deux camions. Il aimait les courants d’air agitant la cuisse avec un certain cachet. 

​

Un blaireau ne creuse pas de trou. Le télagon (Mydaus javanensis) ou blaireau de Java est un petit blaireau endémique de l’île de Java, qui ne mesure que 38 cm.

L’odeur des sécrétions de ses glandes 

est repoussante.

​

Ces renseignements pris, Sam Moore réajusta les bords de son chapeau d’été, heureusement qu’on n’en était plus à la prohibition de l’alcool et toute autre substance ! Elle étudierait avec une joie décuplée les divers modes de vie de ces animaux qui, même empaillés, gardaient une élégance insouciante. Comment leur taille 

qui peut être ridicule attire à ce point l’amitié, en tout cas le récit ? Le blaireau de Java traverse les époques tumultueuses sans se soucier des sorts qu’il donne, il règne encore, à côté des bocaux, près des pierres et des soies, comme une oeuvre perdue, oubliée sur les étagères. 

22 août 2014                                                                                        (suite) par  Pierre Giquel

LES DOIGTS DE SAM MOORE 

feuilletaient un livre privé de titre. Ce livre peut-être n’en avait jamais eu, exposant l’essentiel et réservant à chacun des lecteurs le soin de lui donner un nom. Imaginons chaque lecteur avec son titre, la vie ordinaire abrégée, l’idée soumise aux fluctuations précises et imprécises de chacun, l’éloge de la multiplicité poussé à son paroxysme, un livre où l’hypothèse est reine. 

​

La collection Oulipo n’était pas encore sortie que des fuites avaient eu lieu dans la presse du genre : tel mathématicien affirmait qu’il déchirerait tout sur le passage du typhon, qu’aucun récit ne subsisterait, un autre physicien élevé par une grand-mère acariâtre demandait qu’on lui trouve une compagnie qui le change des ascètes qu’il rencontrait chaque mois dans des réunions où l’on aime le travail bien fait. Peu de femmes se recrutaient et les parages ne sentaient pas la farce. On avait intérêt à suivre la route algébrique sans poser les questions qui gênent. La modernité battait pavillon, la rentrée littéraire charrierait à son habitude des tas littéraires, mais l’écriture gazéifiée allait prendre, on allait voir ce qu’on allait voir et lire ce qu’on allait lire, on allait s’asseoir sur l’enchantement, on allait chahuter, chuter, shooter dans les veines du vieux monstre, on irait même jusqu’à inviter des auteurs anglais. Dans ce brouhaha annoncé, Sam Moore faisait figure de délectation inquiétante. Elle n’avait pas suivi la linéarité du propos exigé, elle investissait dans le transport. Le sachertorte restait son gâteau préféré. Le capiteux était sa lettre, sa foi quantique, elle en connaissait la qualité miraculeuse. 

22 août 2014

Je me souviens,

A gauche, sur la plus haute des étagères EM,

En guise de ponctuations, deux cales en hêtre, maintenaient la lecture du panneau Villa Dourven,

une amorce probable à la suite romanesque du 1er opus Divas Mobiles.

VD1

Tandis que dans l’anti-chambre, vraisemblablement une variante de l’Ames Room, il y avait ce trou. Sam Moore savait à présent que Le blaireau ne creuse pas le trou, mais qui donc alors aurait pu provoquer cette échancrure.

Il avait bien repéré en arrivant sur le site du Dourven, les différentes traces que les lapins avaient laissés tout autour de l’unité d’habitation que DMC avait spécialement conçu pour eux, Rabbits, les rapides. Mais, sans doute par méfiance, d’une certaine captivité, ils avaient détournés l’unité en creusant tout autour, les souterraines. Les galeries étaient probablement nombreuses sous nos pieds.

Sam Moore sentait bien l’agitation venir du dessous. d’ailleurs il se demandait aussi si les lapins en céramique conçus par le grossiste en art, Joël Hubaut, et dispersés sur la banquise de la véranda, n’étaient pas aussi les veilleurs de souterrains. Les drapeaux qu’ils brandissaient, semblaient annoncer la libération des nationalités. Rabbit Generation. Et les caches sexes les protégeaient de leurs futures érections volubiles. 

Sam Moore s’attardait sur ses réflexions et se pencha davantage sur cette première trouée.

Un bel oeilleton à travers duquel je voyais un sol recouvert d’un damier noir et blanc. 

De toute évidence, le plan s’inclinait de 30°. Le test de la balle rouge avait fait son effet. La première balle avait atterri et prolongé sa chute de gauche à droite. Du ballon de foot, elle était passée balle de main et avait fini par se nicher à l’angle droit.

Une deuxième plus petite roula sur la surface, suivit la première et tout 

en diminuant, vint se caler contre la première. La troisième, à l’identique vint se coller contre les précédentes. Et ainsi de suite... jusqu’à ce que l’angle droit fut totalement envahit et qu’il étende son débordement à l’angle suivant.

De gauche à droite, on traversait le champ de l’illusion. L’opération aurait pu alors consister à réorganiser ce tas de balles qui s’amoncellaient à l’angle. Ranger des balles comme on range des pommes sur un étal. Voilà qui aurait pu satisfaire n’importe lequel d’entre nous et ainsi profiter d’une belle vue d’ensemble sur les pommes. Mais je m’étais vite rendu compte que la grande satisfaction avait été dans la trajectoire de ces balles et qui devenaient en cours de route,

des pommes. Peu importe finalement comment elles allaient s’organiser sur le tas. 

Ce qui comptait avant tout c’était leurs transformations.

22 août 2014

Je me souviens,

A gauche, sur la plus haute des étagères EM,

En guise de ponctuations, deux cales en hêtre, maintenaient la lecture du panneau Villa Dourven,

une amorce probable à la suite romanesque du 1er opus Divas Mobiles.

VD1

Tandis que dans l’anti-chambre, vraisemblablement une variante de l’Ames Room, il y avait ce trou. Sam Moore savait à présent que Le blaireau ne creuse pas le trou, mais qui donc alors aurait pu provoquer cette échancrure.

Il avait bien repéré en arrivant sur le site du Dourven, les différentes traces que les lapins avaient laissés tout autour de l’unité d’habitation que DMC avait spécialement conçu pour eux, Rabbits, les rapides. Mais, sans doute par méfiance, d’une certaine captivité, ils avaient détournés l’unité en creusant tout autour, les souterraines. Les galeries étaient probablement nombreuses sous nos pieds.

Sam Moore sentait bien l’agitation venir du dessous. d’ailleurs il se demandait aussi si les lapins en céramique conçus par le grossiste en art, Joël Hubaut, et dispersés sur la banquise de la véranda, n’étaient pas aussi les veilleurs de souterrains. Les drapeaux qu’ils brandissaient, semblaient annoncer la libération des nationalités. Rabbit Generation. Et les caches sexes les protégeaient de leurs futures érections volubiles. 

Sam Moore s’attardait sur ses réflexions et se pencha davantage sur cette première trouée.

Un bel oeilleton à travers duquel je voyais un sol recouvert d’un damier noir et blanc. 

De toute évidence, le plan s’inclinait de 30°. Le test de la balle rouge avait fait son effet. La première balle avait atterri et prolongé sa chute de gauche à droite. Du ballon de foot, elle était passée balle de main et avait fini par se nicher à l’angle droit.

Une deuxième plus petite roula sur la surface, suivit la première et tout 

en diminuant, vint se caler contre la première. La troisième, à l’identique vint se coller contre les précédentes. Et ainsi de suite... jusqu’à ce que l’angle droit fut totalement envahit et qu’il étende son débordement à l’angle suivant.

De gauche à droite, on traversait le champ de l’illusion. L’opération aurait pu alors consister à réorganiser ce tas de balles qui s’amoncellaient à l’angle. Ranger des balles comme on range des pommes sur un étal. Voilà qui aurait pu satisfaire n’importe lequel d’entre nous et ainsi profiter d’une belle vue d’ensemble sur les pommes. Mais je m’étais vite rendu compte que la grande satisfaction avait été dans la trajectoire de ces balles et qui devenaient en cours de route,

des pommes. Peu importe finalement comment elles allaient s’organiser sur le tas. 

Ce qui comptait avant tout c’était leurs transformations.

23 août 2014                                                                                   (une suite) par  Pierre Giquel

La plume que nous avons évoquée avait été découverte dans un buisson, et soustraite au feu elle retrouvait sa verte fougue, faisant sonner sa flûte humide sous les paupières du slip. Mademoiselle se tenait les côtes comme dans un tableau médiéval, elle avait bu et poussait des cris qui rappelaient ceux d’une folle déracinée. Sam Moore se souvenait d’une étrange rencontre avec Hildergarde, cette sainte qui vivait ses visions sans l’extase, n’importe où, n’importe quand. Elle avait encore souri en se remémorant ces derniers mots, « une belle pub ! » avait-elle ajouté. Elle avait également au seul nom de « sachertorte » traduit « Sacher Masoch », convoquant ainsi l’une des figures tapageuses de la généreuse Angleterre. 

​

Deux amis peintres, Philippe R et G.G. avaient circulé dans le grand Ouest, leur road-trip leur avait fait accoster quelques lieux anciens dans lesquels on visitait des artistes contemporains et des jardins. Une chapelle accueillait les vitraux de Pierre M, un château une collection d’oeuvres pérennes, ils verraient l’installation de Elsa T à l’opéra de N. avant de se précipiter à R où les attendait une exposition de Raymond Hains. Ils dînaient chez Pierre G. que nous ne connaissons guère que de réputation : c’était l’intrus de cette aventure que vous lisez, lecteurs muets mais parfois heureusement diserts. Il avait écrit : « Bonjour, j'ai lu fiévreusement le texte que j'ai reçu de toi sur mon portable, mais une manip furtive l'a fait disparaître et il ne se représente pas dans ma boîte mail. Peux-tu me le renvoyer, d'autant plus qu'il apporte une belle eau à notre moulin, une eau de qualité. 

​

Oui! Le sachertorte a été conçu par les mains de Pascale, il a été apprécié hier soir en compagnie de Philippe Richard et Gilgian Gelzer appelé GG. Je leur réserve une place dans les aventures mille et une fois radicales qui se lèvent à chacun de nos coups de pattes de faucon maltais. La Russie c'était une île, et nous avons eu droit en plus de ce sublime gâteau à un chewing-gum de sève d'arbre, de quoi vivre mille ans. Des girolles étaient passées par ici et avaient été préparées par 

Olivier Le Roy, je n'avais plus que deux rôtis de veau à faire cuire, les melons au porto attestaient que nous avions affaire à un repas du siècle dernier, le plateau de fromages auraient fait pâlir les dresseurs de chèvres réunis comme toujours dans un coin du patio... 

​

Bise 

Pierre » 

​

Sam Moore clignota des yeux et son estomac connut une minute d’incandescence. 

24 août 2014

Oh Oui ! Vous avez raison,

Cest beau les cafouillages !

je dirais même j’adore ça, mais

quand j’ai vu que j’avais égaré une si belle phrase qui parlait d’incandescence, 

j’ai paniqué ! 

Ceci n’enlèvera pas donc cela,

Allez, qu’on ajoute encore des erreurs !

Tandis que je recevais ce message de Pierre, «La minute d’incandescence comme celle de monsieur Cyclopède a disparu dans l’empressement, j’imagine.»

Effectivement, je me rendis compte qu’une suite était partie plus vite que prévue,

Tel un ERRATUM, celui-ci se glissait bien entre, mais on ne savait plus entre quelle suite,

Poursuivi par l’incandescence,

Furtive, mais

Mhummmmmm, délicieuse … Great !

Et brilla, Séverin…

L’erreur s’était belle et bien glissée, on pouvait lire bien plus rapidement, 

et Brillat Savarin ?

Dans l’amphibologie, les mets devenaient plus nombreux encore…

A l’hyperbate, il cherchait, 

et dans l’écho des déplacements auparavant décrits par Pierre G, Sam M se retrouvait à nouveau parachuté à la chapelle du Geneteil. La Chapelle s’ouvrait sur l’exposition de l’artiste Hugues Reip «La renonciation». Une annonciation re-visitée, semblait-il ; voici ce qui n’était pas sans déplaire à Sam Moore.

L’installation était composée de 5 mobiles de moutons de poussière et d’un retable en bois d’ifs. Sam Moore s’était intéressé plus précisément 

à l’un des mobiles, jusqu’à ce que la tête lui vint à tourner. 

L’étoile de rotor avait besoin qu’on l’accompagne, qu’on la regarde tourner. Le petit banc gris avait d’ailleurs été placé légèrement en dessous, de façon à ce que ses six membres soient bien visibles dans l’angle de vue. Le rase motte suivait le mouvement, à ses points de rotation plus sensible, un petit hoquet se faisait entrevoir,

l’aérien de la même sorte filait doux, le traine patte n’aspirait sans doute qu’à une chose, entrainer la star dans son mouvement figé.

Plus discrète, la moutonne 

s’attardait sur son refl

et oubliant la fragil

ité de son teint, elle 

en oubliait le mouv’ment

​

l’étoile de rotor 

s’estompait, sa méca

nique prise à retord

el piccante fragil

et agile de la vie

dust in stars à l’éca rt

une empreinte de pas 

​

où je vais te trouver

où je vais te trouver

​

Sam Moore venait de déposer une paire de gants gris sur le petit banc à l’entrée de la Chapelle, dans l’angle de nettoyage. D’ailleurs le banc était gris aussi mais de gris bien distinct; le dessus plus clair et de plus en plus clair, l’intérieur lui glissait vers la paume intérieure...

où je vais te trouver

et je vais te trouver…

​

Les grincements étaient 

revenus et en quête 

de savoir les moutons 

s’étournaient à 

trouver

​

Et en guise de reconnaissance, il avait même commencé à leur trouver des petits noms, à ces moutons.

Et je vais te trouver...

​

De l’exposition, Sam Moore en avait prélevé la notion d’absence, comme cette seule possibilité de renoncer. Aux vues des difficultés récentes qu’il avait eu à apparaître, Sam Moore se demandait si l’absence ne serait pas aussi une manière de renoncer à son image.

Ilelle se demandait si, en creux, et dans la relation de ses contraires, le personnage apparaitrait, diaphane,

​

Plus extravagant encore, 

et sous des airs d’Alcofribas Nasier,

un fumet aux saveurs multiples pointait le bout de son nez par l’entrebâillement de la porte,

28 août 2014

Sam Moore se réveilla en sursaut. Il s’était assoupi, voluptueusement.

La durée de la nébuleuse fut assez longue car la lumière avait considérément baissée et s’était largement cramoisie qu’on aurait cru qu’un bouleversement géographique avait eu lieu. Des remaniements avait été effectués. Et les différents filtres normalement affectés à leurs tâches lumineuses bien précises avaient été permutés avec d’autres, sans apparentes qualifications. Game light and dark, chaises musicales, 

Des claquements de sabots se faisaient entendre au loin...

Il avait rêvée d’une forme arrondie au corps recouvert de piquants, toute épine dehors avec ses petites pointes argentés... 

Self défense,

il pensait à la pièce de CF, Sans titre, 

cette forme presque arrondie rassemblée par bandes plâtrées et recouverte de petits épingles à tête, comme un petit echinoidea blanc posée sur la tablette. Puis, il y avait sa soeur jumelle, quelques étages plus bas qui attendait qu’on l’appelle, plus familière, 

et prête à se déployer,

D’ailleurs elle lui avait soufflé de tourner la tête de l’autre côté pour découvrir le curieux assemblage de David Liaudet ; la vue de La piscine oursin, une carte postale se juxtaposant à la vue agrandie version Jaquet d’une coiffe bretonne. Une coiffe traditionnelle associée à une architecture moderniste. Là aussi, les sabots avait probablement eu leur importance. 

Sam Moore se souvenait alors de cette fameuse liste des objets ayant appartenu à Le Corbusier que DMC lui avait montré, liste déclencheuse. 

… Louche, Deux pots accolés jaunes avec anse au milieu, Salière blanche teintée de bleu, Morceau de fonte noire ovale, Clenche de porte, Loupe avec tige fixée sur socle, Morceau d’un tuyau de pipe, Bloc de terre cuite blanche moulée, Pierre grise poreuse, Petit oursin, Galet gris en forme d’une main, Pierre rose… 

Les mots s’étaient ouverts et les tablettes s’étaient peuplées petit à petit. Quant à Le Corbusier, il avait eu lui aussi ses petits oursins. Cela 

avait été disait-on son met préféré. 

A l’ouverture, une étoile de corail, open

En une seule bouchée, palais, papilles et pupilles étaient à leur comble. 

Sam Moore prolongeait les délices papillaires, il sentait bien que l’agitation autour était retombée et qu’il allait devoir entrer dans les sous-sols de Gémel, pour y démêler les correspondances défectueuses et tenter de retrouver le Voca Patch qui venait juste de disparaitre 

29 août 2014                                                                       A la fin de l'été par  Pierre Giquel

S M en une nuit changeait de sexe mais pas de sexualité 

On chuchotait mais cela n’était pas nécessaire. On ne s’offusquait plus aujourd’hui des colorations nombreuses que S M faisait subir à ses poils, ni des transformations vertigineuses de ses membres. Elle disait n’aimer l’amour qu’en chantant et ne pas se souvenir de la succession de tessons qu’il laissait derrière lui. S.M. jouait inondée jusqu’au matin. Les naufrages étaient d’autant plus délicieux. 

​

Les cailloux s’échangent certes. Condamnés à disparaître nous sommes, mais pour le plaisir de ne plus déranger nous nous évanouissons, dénouant l’écharpe qui s’en va au vent, fend l’air et achève son séjour parmi vous. Chacun comprendra que si la vie est fête, offrandes et plaies, un cri nous laisse bouche bée, il résonne invisible, il s’incline comme le fait le soleil à la fin de la journée dans l’air refroidi.

30 août 2014

Dans l’attente d’une remontée en surface, probablement plus hivernale,

les rouleaux de la fin l’été poursuivent leurs débobinés dans les sous-sols gémeliens, 

​

Il Sam Moore Projectionis,

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