L'arbre qui cache la forêt (extrait XI)

Au carrefour sur le chemin forestiers des druides, les feuilles des hêtres étaient toutes au sol. Le sol était tapissé de rouges, de jaunes, d'orangé singulier, d'ocres, de bruns, de terre, de sienne, de pourpre, de noir et d'or. Les champignons se fondaient dans le tapis d'ocres colorés. Les arbres étaient pratiquement nus, seuls résistaient les aquifoliacées aux petites boules rouges. Et les mousses charnues, gorgées d'eau et de vert grimpaient sur le tronc des arbres. Sam continuait de chercher, celles qui se faisaient rares. Les fougères de Fougères. Les quelques rares résistantes à l'abord de la forêt, celles qui n'avaient pas encore séchées sous la chaleur de l'été prolongé. Les frondeuses, ces jeunes frondes en crosse nourries par la lumière qui circule entre les arbres et les eaux de pluies abondantes en la saison. Je prenais quelques extraits, espérant sans doute dans un premier temps pouvoir y déceler les spores afin de prolonger leurs existences. Mais de retour à la maison, à la loupe, il n'y avait rien qui ressemblait de près comme de plus loin à des sporanges. Comme pour se protéger, et sans que je m'en aperçoive les frondeuses munis de leurs catapultes avaient dispersé leurs spores. J'avais rêvé dans mon jardin aux pattes d'ours, polypodes et autres espèces forestières, mais probablement, si les catapultes continuaient de jouer la diversion, rien de tel ne pousseraient ici. Les langues de cerfs avaient commencé à coloniser un petit coin du jardin à l'ombre du corête du Japon et Sam avait pensé que d'autres Filicophytes pourraient venir les rejoindre mais cette première tentative d'extraction avait bel et bien échoué. Sam se demandait si ces fougères ne nous invitaient tout simplement pas une fois de plus à venir les mirer au coeur de la forêt. Extrait XI - Les pensées de Sam Moore in L’arbre qui cache la forêt, 2018 - Les fougères de Fougères et comment Sam tenta de s'en emparer.