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LES DOIGTS DE SAM MOORE

LES DOIGTS DE SAM MOORE

feuilletaient un livre privé de titre. Ce livre peut-être n’en avait jamais eu, exposant l’essentiel et réservant à chacun des lecteurs le soin de lui donner un nom. Imaginons chaque lecteur avec son titre, la vie ordinaire abrégée, l’idée soumise aux fluctuations précises et imprécises de chacun, l’éloge de la multiplicité poussé à son paroxysme, un livre où l’hypothèse est reine.

La collection Oulipo n’était pas encore sortie que des fuites avaient eu lieu dans la presse du genre : tel mathématicien affirmait qu’il déchirerait tout sur le passage du typhon, qu’aucun récit ne subsisterait, un autre physicien élevé par une grand-mère acariâtre demandait qu’on lui trouve une compagnie qui le change des ascètes qu’il rencontrait chaque mois dans des réunions où l’on aime le travail bien fait. Peu de femmes se recrutaient et les parages ne sentaient pas la farce. On avait intérêt à suivre la route algébrique sans poser les questions qui gênent. La modernité battait pavillon, la rentrée littéraire charrierait à son habitude des tas littéraires, mais l’écriture gazéifiée allait prendre, on allait voir ce qu’on allait voir et lire ce qu’on allait lire, on allait s’asseoir sur l’enchantement, on allait chahuter, chuter, shooter dans les veines du vieux monstre, on irait même jusqu’à inviter des auteurs anglais. Dans ce brouhaha annoncé, Sam Moore faisait figure de délectation inquiétante. Elle n’avait pas suivi la linéarité du propos exigé, elle investissait dans le transport. Le sachertorte restait son gâteau préféré. Le capiteux était sa lettre, sa foi quantique, elle en connaissait la qualité miraculeuse.

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